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Le triangle d'exposition

A l’ère de la photographie numérique, tout le monde peut faire de belles photos grâce aux outils modernes et performants. Nos smartphones en sont le plus bel exemple : il n’a jamais été aussi simple de produire un beau cliché, même technique, autrefois réservé aux appareils photo (exemple du bokeh, le flou d’arrière-plan). Cependant, tout ceci est possible grâce à l’automatisation des techniques photographiques : pour faire simple, l’appareil fait tout et vous n’avez qu’à appuyer sur le déclencheur.

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Malgré tout, le passionné de photographie souhaite contrôler l’intégralité des paramètres lorsqu’il prend une photo afin de s’approcher au plus près du résultat souhaité. Ces paramètres sont surnommés « paramètres de prise de vue ». Parmi les nombreux paramètres de prise de vue, le principal est celui de l’exposition d’une image, c’est-à-dire qu’elle ne soit ni trop claire (ou « surexposée »), ni trop sombre (ou sous-exposée). Atteindre l’exposition idéale est le défi principal du photographe.

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Pour y parvenir, il utilise le célèbre triangle d’exposition : triangle car l’exposition d’une image repose sur trois critères à savoir les ISO (la capacité du capteur de l’appareil photo à capter de la lumière), le temps de pose ou vitesse (le temps où la lumière vient se déposer sur le capteur photo, soit le temps entre les deux « clacs » de l’obturateur quand vous prenez une photo) et l’ouverture (l’ouverture du diaphragme de l’objectif, plus ou moins fermée). Ainsi, le photographe doit en permanence jongler avec ces trois paramètres, c’est la base de la base pour parvenir à prendre des photos manuellement et contrôler totalement ses paramètres de prise de vue.

Pour terminer, nous pourrions nous dire qu’il suffit d’ajuster un paramètre sur un autre et que de facto, ça serait simple. Que nenni ! En effet, chaque paramètre a ses propres caractéristiques et a des conséquences directes sur l’image finale … Bref, allons voir ça de plus près.

Les ISO ou la sensibilité

Les ISO correspondent à ce que l’on appelle en photographie la sensibilité, soit la capacité d’un capteur d’appareil photo à capturer de la lumière. Pour rappel, le nerf de la guerre en photographie est de capter de la lumière : plus il y en a, meilleure l’image est (en tout cas en théorie). Votre capteur photo est le cœur de votre matériel : c’est lui qui récupère l’information à travers la lumière afin que votre boitier transforme les informations contenues dans la lumière en une image.

 

Il est composé de petits photosites (que vous connaissez sous le nom de pixels), des cellules capables de capter la lumière. Pour simplifier l’idée, votre capteur peut donc capturer plus ou moins de lumière selon votre demande (il est donc plus ou moins sensible) : cette sensibilité correspond aux ISO.

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Des ISO bas (50, 100, 200) captent peu de lumière ; des ISO élevés (3200, 6400, 12800 et plus) captent beaucoup de lumière. Cependant (et il y a forcément un mais …), la montée vers des ISO élevés n’est pas sans conséquences : afin de capturer plus de lumière, le capteur chauffe et entraîne des conséquences négatives sur la qualité d’image :

  • Moins de détails sur l’image ;

  • Des couleurs moins précises ;

  • L’apparition de tâches violettes : c’est ce que l’on appelle le « bruit » numérique, des tâches disgracieuses sur les images.

Les ISO

Plus on augmente les ISO, plus apparaît une dégradation de l'image et notamment du bruit numérique.

Sur cette photo à 3200 ISO, le bruit est visible quand on débouche les ombres.

Enfin, il est à noter que les ISO n’ont pas de conséquences directes sur l’image finale (sauf négatives évoquées plus haut), contrairement à l’ouverture ou à la vitesse. En conséquence, les ISO sont la dernière variable d’ajustement lorsque l’on a modifié les deux autres paramètres.

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Quels ISO pour quelles situations ?

  • ISO faibles (50/100/200/400) : scène très lumineuse (journée) ou besoin de diminuer la lumière qui entre (exemple en pose longue) ;

  • ISO moyens (800/1600) : scènes moins lumineuses (début ou fin de journée, intérieur) ou besoin de compenser la vitesse par exemple (photo sportive ou animalière) ;

  • ISO élevés (3200/6400/12800) : scènes sombres (nuit, intérieur sombre) ou besoin de capter beaucoup de lumière (voie lactée, concerts, etc).

L'ouverture

L’ouverture

L’ouverture concerne votre objectif : c’est ce qui fait passer plus ou moins de lumière à travers ce dernier. L’objectif possède ce que l’on nomme un « diaphragme », des lames métalliques qui s’ouvrent et se ferment à la demande.

Le diaphragme fermé d'un Nikon 50mm f/1.8.

L’ouverture d’un objectif est notée par un « f/x », « x » étant la valeur de l’ouverture par un nombre. Chaque objectif possède une ouverture maximale (notée sur votre objectif ; exemple : « AF-S Nikkor 50mm 1:1.8 G », 1.8 correspond à la plus grande ouverture de l'objectif) et une ouverture minimale (qui varie selon les objectifs ; pour la connaître, fermez jusqu’au maximum votre objectif ou regardez la fiche technique de celui-ci).

L'ouverture maximale est toujours après la focale.

Globalement, plus un objectif peut ouvrir grand (f/2.8, f/1.8, f/1.4, etc) et plus il peut capter de la lumière ; cela induit – généralement – que plus un objectif ouvre grand et meilleure sa qualité optique est ; revers de la médaille, plus un objectif est lumineux et plus son poids, son encombrement et son prix sont élevés.

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Sur le marché, il existe plusieurs types d’objectifs dont l’ouverture change :

  • Des objectifs avec une ouverture fixe (pour les focales fixes) ou constante (qui reste la même sur les zooms, peu importe la focale) sur les objectifs haut de gamme (exemple d’un 70-200mm f/2.8 qui ouvre à f/2.8 aussi bien à 70mm qu’à 200mm) ;

  • Des objectifs avec une ouverture glissante (qui varie selon la focale) sur des objectifs plus abordables. Voici l’exemple d’un 18-55mm f/4.5-5.6, l’objectif souvent mis en kit avec les APN amateurs : à 18mm, l’objectif ouvre au maximum à f/4.5 ; plus on zoome et plus l’ouverture maximale se réduit pour atteindre f/5.6 à 55mm. En gros, plus on zoome et moins l’objectif fait rentrer de la lumière ; plus on zoome et plus c’est difficile de faire une image bien exposée : c’est la concession à faire face au prix moins élevé.

Ici, un objectif grand angle à ouverture glissante.

Là, un téléobjectif à ouverture constante.

Surtout, l’ouverture d’un objectif définit ce que l’on nomme la profondeur de champ soit la zone de netteté en profondeur lorsque l’on prend une photographie. La règle est simple : plus on ouvre l’objectif (le nombre derrière le f/ est petit) et plus la zone nette se restreint ; inversement, plus on ferme l’objectif (le nombre derrière le f/ est grand) et plus la zone nette augmente. En pratique, cela donne cela :

  • Si je souhaite avoir une faible profondeur de champ (petite zone nette en profondeur) pour obtenir un joli flou d’arrière-plan (nommé le bokeh), je dois ouvrir mon objectif pour faire rentrer davantage de lumière (f/2.8, f/1.8, f/1.4 etc).

  • Si je souhaite avoir une grande profondeur de champ (grande zone nette en profondeur) pour obtenir une scène totalement nette, je dois fermer mon objectif (f/11 et plus).

Profondeur%2520de%2520champ_edited_edite

f/1.8

f/8

f/22

Voici deux exemples concrets : la première photo est prise à f/2 pour obtenir du bokeh ; la seconde est prise à f/16 pour avoir une grande profondeur de champ et donc une scène nette du premier au dernier plan.

Une faible profondeur de champ pour avoir du bokeh : photo prise à f/2.

Une grande profondeur de champ pour avoir l'ensemble de la scène nette : photo prise à f/16.

Quelles ouvertures pour quelles situations ?

  • Je veux du bokeh ou j’ai besoin de lumière (f/2.8, f/1.8, f/1.4, etc) : idéal pour de la photo de portrait, de l’animalier, du sport, de la macro, etc. Bref, on ouvre le plus possible son objectif : plus il est ouvert (le nombre derrière le f/ est petit) et plus le bokeh est très important ; attention cependant sur les objectifs très lumineux (inférieurs à f/2), la profondeur de champ peut être tellement faible que la zone nette peut être très très petite : on risque par exemple sur un portrait d’avoir des yeux nets mais le reste du visage flou … Aussi, ouvrir au maximum peut être une nécessité lors des scènes sombres comme en intérieur ou la nuit (astrophotographie par exemple).

  • Je souhaite obtenir une netteté maximale (généralement des ouvertures entre f/4 et f/11). Il faut savoir qu’un objectif quel qu’il soit n’offre pas ses meilleures performances optiques à sa pleine ouverture (sauf très rare exception …). De fait, il faut parfois fermer un peu son diaphragme pour recevoir les pleines performances de son objectif (ces valeurs sont différentes selon les objectifs ; il ne faut pas hésiter à se renseigner sur ses propres objectifs pour connaître ces valeurs optimales lors de tests). Inversement, trop fermer un objectif entraîne également une baisse de netteté (à cause du phénomène de diffraction).

  • Je souhaite obtenir une scène nette du premier au dernier plan (généralement au-delà de f/11). Plus on ferme un objectif et plus la profondeur de champ grandit. Ainsi en photographie de paysage, le photographe cherche à avoir tous ses plans nets. Comme dit plus haut, trop fermer peut cependant entraîner une baisse de qualité de l’image.

La vitesse

La vitesse concerne ce que l’on nomme l’obturation de votre appareil photo : c’est le temps durant lequel la lumière va rentrer dans votre capteur. Pour cela, votre appareil photo dispose d’une pièce que l’on nomme un obturateur (qui peut être mécanique ou électronique). Il fonctionne tel un rideau :

  • Un premier rideau se lève et laisse le capteur à la lumière (ce dernier prend la photo) ;

  • Un second rideau se lève et bloque la lumière.

 

Entre ces rideaux, le capteur reçoit la lumière et prend la photo. La règle est simple : plus la vitesse est rapide et moins de lumière entre, plus la vitesse est lente et plus de lumière entre (CQFD).

La vitesse se mesure sur votre appareil en secondes :

  • Une valeur de 1/1000 veut dire que votre photo sera prise en un millième de seconde … Rapide !

  • Une valeur de 3’ veut dire que votre photo sera prise en trois secondes.

  • Le mode Bulb ou Time veut dire que le temps de pose est manuel et défini par vous-même.

La vitesse

Un obturateur mécanique en action.

Entre ces rideaux, le capteur reçoit la lumière et prend la photo. La règle est simple : plus la vitesse est rapide et moins de lumière entre, plus la vitesse est lente et plus de lumière entre (CQFD).

La vitesse se mesure sur votre appareil en secondes :

  • Une valeur de 1/1000 veut dire que votre photo sera prise en un millième de seconde … Rapide !

  • Une valeur de 3’ veut dire que votre photo sera prise en trois secondes.

  • Le mode Bulb ou Time veut dire que le temps de pose est manuel et défini par vous-même.

 

Attention, le choix de la vitesse a des conséquences importantes sur vos photos : photographier à 1/4000 fait rentrer très peu de lumière ; inversement, 30 secondes de pose fait rentrer énormément de lumière.

Vitesse rapide

Peu de lumière

Vitesse lente

Beaucoup de lumière

Quelles vitesses (ou temps de pose) pour quelles situations ?

  • Je souhaite figer une scène : je dois avoir la vitesse la plus rapide possible (1/500 et plus). Si vous souhaitez photographier un animal, un évènement sportif, vos enfants qui courent ou je ne sais quelle scène en mouvement, il faut une vitesse élevée. Attention, une vitesse élevée faisant rentrer peu de lumière : en journée cela ne pose pas de problème ; en situation plus sombre, il faut forcément augmenter les ISO et ouvrir au maximum son objectif pour compenser.

  • Je souhaite avoir un flou de bouger : je dois avoir une vitesse lente mais pas trop (entre 1/15 et une seconde). Si vous souhaitez faire un effet artistique (véhicule un peu flou, vague un peu floue etc), c’est le temps idéal. Si c’est trop rapide, vous allez figer la scène (adieu l’effet artistique), si c’est trop long vous allez lisser l’objet en mouvement (on ne reconnaîtra plus l’objet en mouvement).

  • Je souhaite lisser des objets en mouvement : je dois avoir une vitesse très lente et faire une pose longue (plus d’une seconde et jusqu’à plusieurs minutes). C’est typiquement le cas des photographies de paysages où l’on souhaite lisser la mer ou encore obtenir de filés lumineux de phares de voitures (effet « waouh » garanti !). Aussi, allonger le temps de pose est utile tout simplement lorsqu’il fait très sombre : la nuit et grâce à un trépied, un temps de pose de plusieurs secondes permet d’avoir une scène correctement exposée malgré l’obscurité.

Un temps de pose long (une minute).

Vous êtes perdu(e) ? C’est normal ! 

C’est beaucoup d’un coup et surtout, cela mobilise des tas de connaissances liées à la photographie. Pour y voir plus clair, voici une synthèse :

  • Les ISO (la sensibilité) sont la capacité de mon capteur à capter de la lumière. Plus ils sont élevés et plus on capte de lumière ; plus ils sont élevés et plus l’image se dégrade avec l’apparition de bruit.

  • L’ouverture correspond à la lumière qui entre dans mon objectif. Plus on ouvre et plus le flou d’arrière-plan (le bokeh) est facile à avoir ; plus on ferme et plus la zone de netteté en profondeur augmente (pour notamment du paysage). En gros (pour simplifier au maximum) : f/ et petit nombre = beaucoup de lumière + bokeh (portrait) ; f/ et grand nombre = peu de lumière + tous les plans nets (paysage).

  • La vitesse correspond au temps durant lequel la lumière touche le capteur. Pour figer un sujet en mouvement il faut une vitesse élevée (1/500ème de seconde et plus ; plus le nombre derrière 1/x et plus la vitesse est rapide) ; pour créer un flou volontaire et/ou faire une pose longue, il faut une vitesse lente (autour de la seconde et plus lent encore).

 

Ces trois paramètres sont les principaux de votre appareil photo : quand vous utilisez le mode manuel, ce sont ces trois paramètres que vous devez gérer pour obtenir une image correctement exposée. Cependant, il existe des modes semi-automatiques (voir l’article dédié aux modes sur les appareils photo) qui vous permettent d’appréhender ces trois paramètres.  

Vous êtes perdu(e) ? C'est normal !
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